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second french article - l'architecte du diable
Réussir une synthèse.
Ce documentaire-fiction est l'oeuvre du cinéaste Heinrich Breloer, qui a personnellement rencontré Albert Speer quelques mois avant sa mort. Un homme « affable, charmeur, serviable », qui lui proposa « très gentiment de consulter son journal intime ». L'idée de raconter à la fois la vie d'une famille allemande pendant le IIIe Reich et le procès de Nuremberg ne vint que plus tard à Breloer. En reconstituant le parcours d'Albert Speer, il allait réussir cette synthèse. D'autant qu'au fil des années, le portrait plutôt flatteur que l'architecte s'était construit commençait à perdre des couleurs. Ainsi découvrait-on que l'« artiste-créateur détaché des réalités » qu'il prétendait être avait été au plus près des réalités du pouvoir : ami et confident d'Hitler, ministre de la Guerre à partir de 1942, il autorisa des constructions dans certains camps de concentration. L'architecte officiel du Reich ne pouvait ignorer les réalités et les horreurs de la Shoah. Autant d'éléments qui, connus au moment de Nuremberg, lui auraient valu la peine capitale.
Talent d'organisateur.
Partant du procès, le film est bâti sur une habile alternance de flash-back (des scènes jouées par des comédiens), de documents d'archives et d'interviews. Servi par une reconstitution minutieuse des décors, il revient sur le parcours de ce militant exemplaire qu'était Speer, de son inscription au parti nazi, en 1931, jusqu'à sa chute. On le voit donc servir les projets mégalomaniaques puis criminels de son idole sans le moindre état d'âme. Son talent d'organisateur en tant que ministre de la Guerre contribua d'ailleurs à allonger la durée du conflit. Pour étayer le propos, le réalisateur a rencontré les enfants de Speer, qui parlent pour la première fois. Ils se souviennent ainsi avec effroi et des images sont là pour le rappeler qu'ils ont sauté sur les genoux d'Hitler. Et ils disent toute la difficulté d'évacuer ces moments. « Ce qu'on lit dans le regard des enfants de Speer confrontés aux documents qui accablent leur père, souligne Heinrich Breloer, aucune image de fiction ne peut le restituer. »
« L'Architecte du diable », sur Canal +. Demain à 20 h 55 : 1e partie; lundi 14 novembre à 22 h 30 : 2e partie; mardi 15 novembre à 22 h 20 : 3e partie
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